Blog de Blackodd
Un souvenir
Je me souviens de son sourire, de son rire et de ses soupirs. Les souvenirs du passé me submergent, je glapis sans réserve, laissant échapper le son de ma propre faiblesse.
Je me montre fort, mais je ne le suis pas. J'avance: "je repense", je m'arrête: "je faiblis". Comment continuer comme avant, souriant et plaisantant?
Je joue, j'invente, je crée. Les masques de mes personnalités sont forgés dans les feux de mon passé, mon sourire est crispé: " je ne souris plus pour la faire vivre, mais pour survivre".
Mon soma n'est que tromperie, face à ma psyché meurtrie. Le temps ne peut pas l'effacer, force est de constater que je ne veux pas l'oublier.
S'il te plaît souvenir, figes-toi dans le temps et reste immortel. Je veux te transformer en culte, en égrégore me protégeant du linceul de l’oubli.
Mon esprit repense à sa "cène", mes larmes essaient d'effacer ce tableau cruel.
Je coule, je sombre... Mes souvenirs sont ma prison, mais sans eux je ne peux vivre.
Simple mortel dans l'ombre de Damoclès.
Je lève mes yeux sur ce monde abject, et je ne peux voir que des fourmis aux paroles acerbes.
Ils braillent, ils crient pour un combat sans réelle valeur, subjugués par des êtres aux pensées belliqueuses; enracinant leurs anathèmes sur le cadavre malchanceux de leurs noirs ennemis.
La voix du peuple est source de pouvoir à qui sait la manipuler, et voir ce monde se transformer en parodie me brise le cœur; la voie du faux a remplacé celle du vrai et je ne peux que mentir face au jugement des "justes".
Je ne reconnais plus que le cri dans ma tête, alors que mes lèvres mentent contre mon gré: que ce monde est fou; personne n'a le droit de penser qu'il sait mieux qu'un autre sous prétexte que son combat est juste.
Mais je ne peux que mentir, sourire et boire leur parole. Hochant la tête, mais n'en pensant pas moins face à leur ignominie.
Ainsi s'achèvent la lâcheté et l'idiotie; qui font mentir pour survivre aux "couleurs" vidées de leur sens.
Ainsi commence la "virtù" face à la "fortune".
L’Univers créé par un grain de sel.
Évocation:
« Éphémère, mais persistante, je crée comme je détruis. Mon cœur alimente le corps qui me nourrit. Je ne pars de rien, pour arriver à être un tout ;que cela soit une idée, une pensée, un sentiment, un élément.
Je suis hélas sous-estimée dans ce monde abscons, où je suis considérée comme connue et acquise. Mais qu’importe ce que l’on pense de moi, ma mission reste la même: celle d’engendrer l’agrégat faisant avancer l’Homme jusqu’au bout de ses pas.
Alors sache, toi qui me lis, que l’histoire nous lie car je suis ce qui te constitue, ce qui t’a fait. Je suis partie du vide pour engendrer l’univers, en allumant les feux de ta genèse. »
La nitescence de la création
Scintilla est une lueur, un scintillement dans cette toundra opaque, dans cette gueule béante qui obombre la lumière ; elle est un paradoxe dans cette vacuité dimensionnelle, une anomalie. Lasse de profiter de son propre éclat, entourée d’ombres muettes tentant de se nourrir de sa robe iridescente, elle sacrifie son corps de son étincelle thaumaturge, permettant à ce sombre contenant de vivre; d’être plein de vie, plein de promesse.
Elle crépite, grandit et devient l’anathème,lénifiant la solitude de ce néant suprême; se consumant pour diffuser l’espoir,et créer de ses cendres cette expansion immuable. Elle se propage, voit,pleure et renait, « tavelant » l’univers de ces entités abstraites; jouant avec nos vies, tel un spectacle de marionnettes.
Incoercible, incontrôlable, elle nourrit les feux de nos sentiments, nous permettant d’aimer, d’abhorrer, de penser. Elle essaie d’être subtile, de se propager tel un poison, dans la psyché de « ses enfants », pour qu’ils puissent vivre leurs passions, leurs rêves, leurs idées; bien que parfois leur « haleine fangeuse» puisse la blesser, par l’inconsistance honteuse de leurs propos.
Elle crée le feu, propage la lumière, disperse l’eau et contrôle le temps. Elle témoigne par sa puissance « invisible » du reflet de notre propre fragilité. Elle est celle qui fait vivre en allumant les feux de Vénus, dispersant ses braises dans le jardin de Salomé, comme celle qui détruit en sonnant le glas de l’Homme. Son étreinte accompagne son héritage du commencement jusqu’à la fin;c’est elle qui le réchauffe de sa lumière chaleureuse et qui le rafraichit de sa bruine matinale.
Scintilla n’est ni bonne ni mauvaise, elle ne vit que pour faire vivre et empêcher le vide de revenir.
L’héritage de Scintilla
« Il ne faut qu’une étincelle pour créer l’Homme.»
Dans cette chaleur ignée, dans ce cocon de chair qui me crée, je fais mes premiers pas. Je déploie mes membres pour vivre et avancer ; poussé par l’envie de comprendre, de communiquer.
Je vois mes semblables essayer de ramper, pour ensuite marcher sur ces terres désolées. Je ne comprends pas! Pourquoi? Pourquoi cet air méphitique devient de plus en plus vicié : me brûlant la gorge quand j’essaie de parler. Mais je lutte, j’évolue, je progresse à petits pas,aidé par cette entité incréée m’empêchant de me laisser gangréner.
Ma peau se creuse, mes traits se forment et mes pensées « ténèbrées » par la peur et le doute se mondent;dévoilant peu à peu l’esquisse de ma volonté, celle de survivre, de procréer, de partager.
« Un son, un mot; un espoir fugace, une étincelle dans cette inconnue... »
Le timbre rauque, la gorge sèche, je peux enfin m’exprimer ;lâcher mon fiel sur les malheureux, et mon amour sur ma promise, influencé par ces balcons pigeonnants attisant ma convoitise. Mais plus je parle, plus je comprends, et le doux visage de celle-ci ne peut plus me suffire. Je la repousse, elle m’ennuie; elle ne parle pas, elle ne fait que saigner et enfanter. Je ne la connais pas, je ne la reconnais plus: je n’ai plus le choix,je dois m’éloigner de ma proie.
Je pars au loin, baignant dans les rayons du soleil et frappé par cette brise rafraichissante; un éclat de magie dans ce monde sans saveur, comme si ceux-ci m’accompagnaient dans mes moments de doute, pour me faire comprendre que ce monde n’était pas aussi insipide que je le redoute.
« Scintilla le quitte lui volant son dernier souffle…»
Mes os se fendent, mon esprit s’embrume, la fatigue me submerge comme une traitresse impitoyable. Je quitte peu à peu ce monde pour rejoindre ce prisme empyrée, renfermant l’étincelle qui m’a permis de vivre, de haïr et d’aimer. Alors peut-être que je meurs à présent seul, mais le sourire aux lèvres, car j’ai pu continuer l’héritage de cette étincelle immortelle.
Ainsi se termine mon histoire, j’abandonne le souffle qui alimente mon cœur.
Révocation :
« Imprégné de la vérité, je dois à présent vous délaisser. Mais je ne m’éloigne pas, je ne vous abandonne pas. Je vais continuer à vous bercer, alimentant vos passions et vos pensées. Alors ne criez pas, ne pleurez pas, n’abandonnez pas. Marchez fièrement dans ce monde que je vous aie créé, car sans vous, sans votre amour, votre haine, votre vie, votre mort ! Je ne suis qu’une coquille vide ; une mère sans sa géniture.
Quand vous sentirez le soleil frapper votre peau un jour d’Hiver, la brise caressant votre visage lors d’une canicule, la bruine rafraichissant vos pensées lors de vos moments de doute ;vous me verrez sourire.
Je suis tout, mais à la fois rien. Je suis partout, mais nulle part. J’étais là et je suis à présent partie. »
Cauchemar d'un enfant de 7 ans.
Je me souviens de cette nuit horrible, de ce moment grégaire que subissent les enfants au moins une fois dans leur vie sans pouvoir l’oublier; comme le font la plupart des adultes.
Après avoir vu« L’antre de la folie » poussé par mon frère, je fermais mes paupières de fatigue, m’envoyant dans le monde des rêves.
Je passais par une multitude de couleurs avant d’atterrir sur un sol dur et froid, où les seules lumières m’aidant à voir étaient des candélabres faisant danser des flammes noirâtres aux effluves malsaines ; laissant échapper une odeur de charogne.
J’avais peur, froid et je me sentais seul. Une seconde,une minute, un mois ? Je ne savais plus qui j’étais dans cette noirceur sans visage, sans nom.
Mais un jour, ce monde figé où l’ombre avait pris la place de la lumière changea. Des formes blanches à l’allure difforme commençaient à se créer autour de moi, remplaçant peu à peu l’opacité de ce lieu « aveuglant ». Je pouvais voir leurs têtes sans visage n’ayant pour seul ornement qu’une bouche remplie de dents acérées. Ils portaient tous un costume blanc, pourfendant l’ombre de leur blancheur immaculée.
Alors qu’ils s’approchaient de moi, j’avais compris que cette noirceur passée me protégeait de la vérité ; l’ignorance me couvrait de son linceul, m’évitant ainsi d’affronter cette folie, ce monde. Pris de douleur par les bouchées de ces êtres sans noms, je ne pouvais qu’avoir une pensée fugace poussée par ma pitoyable fragilité, alors que je me faisais dévorer vivant :« Qui suis-je? »
Me réveillant de cette mort illusoire, en sueur, les souvenirs me revenaient; me soulageant que ce moment n’était qu’un cauchemar.
Soupirant, je blottissais contre moi ma peluche protectrice,en ayant pour dernière pensée que maman allait me protéger contre cette blancheur effroyable ; j'étais donc ainsi plongé dans le noir.
Pessimisme d’un vieux machin
Amour bicéphale
Vanessa Ives
Un ver de plus
Pile et Face
Une histoire banale
Je suis une femme qui n’a pas froid aux yeux, une battante. Cependant, je suis tombée petit à petit sous l’emprise d’un individu pervers et terriblement intelligent. Je sais ce qu’il est, néanmoins c’est justement parce que je le connais aussi bien que j’hésite à m’enfuir loin de sa bestialité. De sa violence…
J’ai tellement peur qu’il me harcèle et qu’il touche à ceux que j’aime. Je sais que ma vie ne sera jamais belle et que j’aurai toujours un manque avec lui, mais je dois prendre sur moi parce que parfois je l’aime… Parfois il n’est pas si terrible… Parfois il me fait du bien...
Pour comprendre ma tourmente, je dois vous révéler une partie de moi.
Au début de notre relation, je ne ressentais que l’extase de me sentir aimée, valorisée et possédée par celui que j’aimais. Il témoignait son affection au travers de mots doux et de gestes attentionnés. Mais là où était l’amour, il n’y avait en réalité que de l’obsession, et alors que je me sentais adulée, au final, je n’étais que la prisonnière de ses paroles empoisonnées. J’ai tenté, pendant qu’il baissait sa garde, de reprendre quelques-uns de mes droits. Toutefois, il trouvait à chaque fois quelque chose pour me museler et m’interdire d’être heureuse. Comme si j’étais sa chose. Comme si j'étais son objet !
Pendant un moment, il m’éloigna de ma famille en m’obligeant à vivre chez lui. De plus, il ne voulait jamais participer aux fêtes familiales, ainsi sans le vouloir, il m'empêcha de rester avec mes proches. J’étais un oiseau en cage !
Si je discutais avec un garçon, il me faisait culpabiliser en me disant que j’étais une pute ou une fille facile. Parfois, il employait le terme « traîtresse » parce que j’osais rire avec d’autres personnes. Selon lui, je le trompais d’une certaine manière... Je me sentais tellement sale et idiote dans ces moments que je lui obéissais; je n’avais plus que le droit de rester près de lui ou d'un élu qu’il jugeait acceptable -qu’il pouvait surveiller-. Quand je devenais trop proche d'un ami au point d'oublier mon roi pendant une seconde, je culpabilisais tellement que j’offrais mon corps pour qu’il me pardonne. Cela faisait du bien la plupart du temps, mais je sentais que quelque chose était faux. Au fond de mon esprit, une petite voix me disait de m’enfuir loin de l’être que j’étais sensée aimer.
Un jour, la tentation de le quitter était apparue pendant qu’il s'amusait à me donner des coups de reins dans un de mes moments de faiblesse, malheureusement de sombres murmures -dans ma tête- me rappelèrent qu’il était à moi et que j’étais à lui, qu’il était l’homme de ma vie et que lui seul pouvait me faire sentir comme ça : conquise. C'est à cet instant que j'ai accepté que j'étais perdue.
Nonobstant mon désir de ressentir l’amour, je suis habituée à être son objet maintenant, et le plus terrifiant c'est que j’y prends goût. Tandis que mes autres relations sont ternes voire insipides, lui me donne l’impression de servir à quelque chose. C’est pour cela que j’ai abandonné mon travail, mon rêve et que j’ai préféré rester à la maison pour m’occuper de notre enfant. -Des enfants, je n’en voulais pas au départ, mais il désirait s’assurer que je reste à jamais auprès de lui. Il savait pertinemment que je ne pourrai jamais quitter le père de mon enfant ! - Je ne suis pas heureuse, mais j’ai trouvé ma place. Quant à mon petit garçon, je prie pour qu’il ne devienne pas un monstre comme son père.
" Il n'y a rien de plus beau qu'une femme indomptable. Il n'y a rien de plus grandiose qu'une femme libre. "